Quesseveur : l'histoire continue
Quesseveur : l'histoire continue
Quesseveur : l'histoire continue
L'immeuble au coin de la rue Garonne est en passe d'être vendu. La librairie deviendra brasserie ou restaurant, mais les livres de Quesseveur font l'objet d'une récupération.
L'ancienne librairie Quesseveur, sise place des Laitiers à Agen, est en passe d'être rachetée par un investisseur local. Après travaux, le rez-de-chaussée accueillera un commerce de bouche, complétant l'offre des brasseries et terrasses comprises dans son périmètre immédiat. Cette reprise du site était attendue, sinon espérée, et la surprise vient plutôt du fonds documentaire (des centaines de livres et objets, liés au régionalisme) qui sera sauvé du pilon grâce à l'intervention d'une personne privée.
Pour rappel, l'affaire commence en octobre 2015, lorsque décède Yves Quesseveur, héritier d'une librairie ayant pignon sur rue depuis des décennies, et qui fait référence dans le domaine de la littérature régionale. Le commerce n'est pas en grande forme, il a des dettes, et beaucoup s'interrogent sur son avenir car Quesseveur n'a pas de descendants. Par ailleurs, cette librairie est une institution agenaise : la mort de son gérant en 2015 suscite donc des interrogations bien naturelles.
Refus d'héritage
Les héritiers sont en Bretagne, et selon nos informations n'ont pas souhaité récupérer l'immeuble situé au coin de la rue Garonne. L'ensemble sur quatre niveaux est vieux, fragile. Et le commerce a effectivement cumulé les dettes, auprès de fournisseurs notamment.
La famille refuse donc l'héritage, et au printemps 2016, le bien est confié à un liquidateur judiciaire, qui a pour mission de vendre, pour apurer un tant soit peu les créances. L'immeuble est donc confié à l'agence Guy Hoquet du boulevard de la République, qui trouve quelque mois plus tard un acquéreur. Ce dernier entend tout rénover, la partie supérieure étant dévolue au logement, et le rez-de-chaussée ayant une vocation commerciale (une brasserie, vraisemblablement).
Seulement, que faire de tous les livres de l'ex-librairie ? «Il y avait plusieurs solutions, explique l'agent immobilier Ludovic Herubert (agence Guy Hoquet). Soit les gens venaient se servir, et ce patrimoine était éparpillé. Idem pour le recours à un brocanteur. Puis Mme Heurtebise s'est manifestée, expliquant qu'elle souhaitait préserver ce patrimoine. Elle est liée à l'Académie des sciences, lettres et arts d'Agen, et elle va récupérer le fonds Quesseveur, le trier, le répertorier et pourquoi pas le valoriser.»
Quel «avenir intelligent» ?
Du côté de l'Académie, son président Robert de Flaujac signale que la société historique n'est pas investie dans cette opération, et qu'il s'agit d'une «démarche personnelle» de l'une de ses adhérentes, Hélène Heurtebise. «Nous ne sommes pas intéressés par la récupération des livres de M. Quesseveur, précise Robert de Flaujac. Nous avons une bibliothèque très complète. Ces livres, nous les avons déjà.»
Contactée hier, Hélène Heurtebise a confirmé que le fonds Quesseveur était en cours de récupération, et qu'elle était aidée dans sa tâche par «quelques bénévoles» : «C'est un chantier énorme, et l'objectif est de tout sauver, avant de réfléchir à l'avenir de ce patrimoine. Ce qui me paraît évident, c'est qu'il faudra trouver un avenir intelligent à tous ces ouvrages. Et pourquoi pas écrire un livre?» C'est donc bel et bien une nouvelle page qui s'ouvre dans l'histoire Quesseveur.
Des livres, du sol au plafond
Combien de livres, d'affiches, d'objets dans ce «fonds Quesseveur» ? Des centaines ? Des milliers ? Difficile à déterminer, personne n'ayant véritablement vérifié. Ce qui est sûr : les ayants droit se sont totalement dessaisis de l'héritage, ce qui donne un indice sur la valeur de ce fonds?
Mais ce qui compte, pour Hélène Heurtebise (sociologue d'origine lot-et-garonnaise et résidant dans le Gers), c'est la valeur affective de ces documents. «J'ai par le passé été aidée par M. Quesseveur, qui était un grand libraire. J'ai été alertée cet été sur la vente de l'immeuble à Agen, et me suis tout de suite interrogée sur l'avenir des documents qu'il contenait. Il était hors de question que tout cela parte au broyeur, et j'ai décidé de sauvegarder ce patrimoine. Ma démarche est soutenue par l'Académie, mais c'est mon chantier, un chantier énorme car il y a des livres partout. J'ai aussi récupéré la fameuse blouse bleue (notre image) et le vélo de M. Quesseveur.» Ce travail fastidieux de collecte devrait être achevé à la fin du mois.
source : le Petit Bleu d'Agen