Agen : sous le marché-parking, une histoire médiévale
Agen : sous le marché-parking, une histoire médiévale
Agen : sous le marché-parking, une histoire médiévale
Nul n'est autorisé à y pénétrer, à l'exception des agents en charge de l'entretien des réseaux. C'est donc le maire d'Agen en personne, Jean Dionis du Séjour, qui ouvre à la rédaction les portes des « dessous » du marché-parking. En soi, explorer le sous-sol d'un marché et d'un parking bétonnés, dont l'esthétique n'a jamais fait se pâmer les amoureux de l'architecture, n'a pas un grand intérêt. Sauf qu'ici, le lieu renferme une histoire? celle de la ville. Une histoire à plusieurs reprises balayée.
Ici, pas de bestioles indésirables ni de crânes du Moyen-Âge, mais de la tuyauterie désespérément moderne et de vieilles pierres. Et ce sont ces pierres qui racontent le passé agenais. « Le marché-parking repose sur des piliers. Les piliers de l'ancienne cathédrale d'Agen, la cathédrale Saint-Étienne », lâche le premier magistrat de la ville. Une cathédrale ? Mais Saint-Caprais n'en est pas déjà une ? « Saint-Étienne était la cathédrale médiévale, la seule et unique cathédrale d'Agen. »
Un édifice néo-gothique de 70 mètres de long, avec des arcs-boutants et qui comptait la bagatelle de 23 chapelles. Des chapelles dont on devine les emplacements tandis que les fondations de la nef centrale forment un long tunnel surhaussé de néons et de fils électriques en tous genres. « C'est extraordinaire de voir ainsi le plan de la cathédrale se dérouler sous nos yeux ! Les processions partaient de Saint-Étienne, empruntaient les Cornières et rejoignaient l'église abbatiale de Saint-Caprais », poursuit Jean Dionis du Séjour.Un séisme au XVIIe siècle vient bousculer les murs extérieurs de la cathédrale
« Et c'est la Révolution. La cathédrale est détruite en 1798. Les pierres sont alors vendues et vont contribuer à la construction des deux ports d'Agen : le port de marchandises au niveau du Gravier et le port des voyageurs, après la passerelle, le long de la voie sur berge. Saint-Étienne disparue, c'est alors Saint-Caprais qui devient la cathédrale d'Agen et le siège du clergé séculier. »
« D'ailleurs, le sort de Saint-Étienne fut relaté à Bonaparte quand celui-ci, en route pour une reprise en main de l'armée espagnole, passa une nuit à la préfecture d'Agen. C'était en 1808 et Bonaparte entra dans une colère noirequand il apprit la destruction de l'édifice. La seule cathédrale de France à avoir été ainsi rayée de la carte à la Révolution ! » Et le massacre ne s'arrêta pas là, car, comme le qualifie Jean Dionis du Séjour, « cet emplacement est maudit !» « En effet, au XIXe siècle fut érigée une halle d'inspiration Baltard. Elle survivra jusqu'en 1970 où l'ère du tout automobile la condamne. Elle est détruite pour y construire un parking? »
Aujourd'hui, exit les restes de la halle Baltard. Seules les pierres de Saint-Étienne, hors de vue, mais conservées sous terre, survivent à l'Histoire, aux histoires et aux décisions plus ou moins glorieuses des élus du moment.
Source Sud-ouest